Que se passe-t-il quand les décideurs recourent à des experts et à des « preuves scientifiques » pour fonder et légitimer leurs politiques ? En décembre dernier, à l’occasion de la conférence de comparaison internationale organisée par le CNESCO, nous avions évoqué les conditions de la mise en œuvre des politiques éducatives. Aujourd’hui, à l’occasion de la publication par Hugues Draelants et Sonia Revaz de L’évidence des faits. La politique des preuves en éducation aux PUF, nous souhaitons nous arrêter sur un élément clé dans le processus des réformes et des transformations : les preuves, et en particulier celles qui peuvent inspirer et justifier les décisions et les réformes visant à améliorer les performances du système éducatif en faisant la promotion des pratiques professionnelles inspirées de la recherche.
Ce qu’on appelle aussi, en référence aux processus à l’œuvre en médecine, les « evidence based policy » telles qu’elles ont pu se formaliser en Amérique du Nord à partir des années 1990-2000. Mais de quelles preuves parle-t-on ? De quels usages possibles en termes de politique publique ? Quelles sont les ressorts d’une telle conception ? Et surtout quelles en sont les limites, notamment dans la promotion des experts pour guider et encadrer les politiques publiques ?
Autant de questions que nous allons aborder avec deux chercheurs spécialistes de cette question — qui ont d’ailleurs contribué à cette conférence de comparaison internationale : Hugues DRAELANTS, sociologue à l’Université Catholique de Louvain et co-auteur, avec Sonia Revaz, de l’ouvrage indiqué plus haut, et Xavier PONS, professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation à l’INSPE de Lyon, membre du laboratoire ESP de l'université Lyon 2 et co-rédacteur en chef de la Revue française de pédagogie (ENS éditions). Nos deux invités sont membres du comité scientifique de la revue Diversité, éditée par l'IFE-ENS de Lyon.
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